COMMENT PRATIQUER LE BOUDDHISME...

Comment naissent les êtres et les phénomènes ?
LA PRATIQUE DE LA SAGESSE

Survol de la sagesse selon la pratique spirituelle

Pour susciter le genre d’amour et de compassion qui vous conduit à rechercher la bouddhéité, non pour vous-même mais pour le bien des autres, il faut d’abord être confronté à la souffrance sous toutes ses facettes. C’est la première noble vérité.

Depuis l’heure de notre naissance jusqu’à celle de notre mort, nous endurons des douleurs aussi bien physiques que mentales, la souffrance du changement, comme la souffrance insidieuse d’une condition humaine qui échappe à notre contrôle. La deuxième et la troisième nobles vérités nous amènent à discerner les causes de la souffrance et, s’il est possible, d’en éliminer les raisons. La cause fondamentale de la souffrance est l’ignorance – la crainte erronée que le monde vivant existe d’une manière réelle. Ce chapitre explique que, en fait, le monde vivant n’existe pas de cette manière.

Nous disposons tous d’un sens personnel et justifié du moi ou « je » mais il faut savoir qu’il s’agit d’une fausse conception de ce « je » en tant qu’existence réelle. Sous l’influence d’une hallucination, nous estimons que notre moi a une existence propre, qu’il dispose de lui-même, qu’il fonctionne par le jeu de sa propre nature et qu’il est capable, seul, d’affronter la vie. Cette notion de la réalité de sa propre existence peut être si forte que le moi se croît autonome par rapport à notre corps et à notre esprit. Par exemple, si vous souffrez d’une maladie, vous suffit-il de croire qu’il vous faut entrer avec un autre corps en meilleure santé que le vôtre ? De même, quand votre esprit se brouille, vous pouvez imaginez qu’il vous suffira d’entrer en contact avec un esprit plus vif que le vôtre.

Cependant, s’il existait un « je » autonome, fonctionnant de son plein gré et solidement établi, il devrait devenir de plus en plus évident à la lumière d’une analyse éclairée que, s’il existe en tant qu’esprit et corps ou procède d’une autre que celle de l’esprit et du corps. Plus on examine ce problème, moins on y voit clair. Tel est le cas de l’ensemble des phénomènes. Le fait qu’ils échappent à l’analyse ne signifie qu’ils n’ont pas d’existence propre. Ils ne sont pas autonomes.

Au début des années soixante, je réfléchissais sur un passage d’un texte de Tsongkhapa sur le fait que nous étions incapables de pénétrer la vérité, alors que l’ensemble des phénomènes ne sont perçus qu’à travers l’idée qu’on s’en fait. Voici ce passage :

« Une corde enroulée, moucheté de couleurs ressemble à un serpent. Et la rumeur se répand dans la contrée : « Il y a un serpent ! » Si l’on se penche sur la corde, au moment où on la prend pour un serpent, l’ensemble et les bouts de corde n’ont rien à voir avec un serpent. En conséquence, ce serpent est une pure création de l’imagination. De la même manière, quand l’idée de « je » surgit en totale dépendance avec l’esprit et le corps, rien – à l’intérieur de l’esprit et du corps, pas plus que le fil conducteurs des instants passés et présents, ou l’ensemble des épisodes pris un à un, ou le continuum de ces épisodes disjoints – n’évoque de loin ou de près le « je ». Il n’existe pas le plus petit atome qui constituerait une entité différente de l’esprit et du corps, susceptible d’être appréhendé en tant que « je ». Par conséquent, le « je » est purement un concept qui ne sautait être dissocié de l’esprit et du corps. En aucun cas, il ne forme une entité à part.

L’impact du choc que j’ai reçu en lisant ce texte à duré un moment. Pendant quelques semaines, lorsque je rencontrais des gens, ils me semblaient autant d’illusions issues du chapeau d’un magicien. Ils m’apparaissaient sous les formes de l’existence réelle mais je savais qu’en fait ils n’avaient aucune consistance. Cette expérience, qui m’a frappé comme la foudre en plein cœur, avaient toutes les chances d’être totalement valide et sa réalité n’était pas sujette à controverse. C’est à ce moment que ma perception de la fin des émotions négatives comme une probabilité a pris son sens. Maintenant, je médite toujours le matin sur la vacuité et je poursuis cette expérience même au cours de mes activités de la journée. Le simple fait de penser ou de dire « je », comme par exemple : « Je vais faire ceci ou cela », me produit l’effet d’une balle dans le cœur. Mais je ne peux encore proclamer ma compréhension totale de la vacuité.

Une conscience persuadée de l’existence réelle des êtres ne repose pas sur une base solide. Alors que la conscience sage qui tient compte de la réalité sait que les êtres vivants comme les autres phénomènes – les esprits, les corps, les bâtiments, etc. – ne possèdent aucune existence réelle. Telle est la sagesse de la vacuité. Saisir l’essence de la réalité se trouve exactement à l’opposé de la fausse conception de l’existence réelle, tandis que la sagesse domine graduellement l’ignorance.

Si l’on parvenait à amender l’ignorance qui interprète faussement les phénomènes en croyant qu’ils ont une existence réelle, on parviendrait à empêcher l’irruption d’émotions négatives telles que le désir sexuel et la haine. En retour, cela permettrait à la souffrance humaine de régresser. La sagesse de la vacuité doit s’accompagner d’un souci profond des autres (et des actes de compassion qu’elle inspire). Auparavant, il faut démonter les obstacles qui bloquent la voie de l’illumination. Il s’agit de prédispositions à prendre à la lettre les illusions sur la fausse apparence des phénomènes – même pour des consciences équilibrées – comme s’ils avaient une existence réelle. C’est la raison pour laquelle la pratique spirituelle insiste pour cultiver la sagesse, en harmonie avec une grande compassion et l’intention d’atteindre l’illumination, selon laquelle les autres ont plus de valeur que vous-même. C’est alors seulement que votre connaissance profonde rejoindra l’omniscience d’un Bouddha.

Pour contrebalancer excitation et laxisme

Pour parvenir au calme intangible, stabilité et clarté sont nécessaires, avec le respect dû au support de la méditation. Ainsi, les principaux obstacles à une méditation soutenue sont l’excitation et le laxisme. L’excitation empêche la stabilité. Quand l’esprit ne demeure pas sur le support, il s’évade ou se laisse distraire. Le support de la méditation est alors perdu.

Il existe aussi une forme subtile d’excitation durant laquelle, même si le support n’est pas perdu, qui prouve que l’esprit songe à quelque chose. Il faut identifier cette excitation. Grâce à la qualité de votre attention, ne laissez pas votre esprit tomber sous cette influence.

La léthargie, pesanteur de l’esprit et du corps, représente un obstacle à la clarté mentale. Cette léthargie engendre le laxisme qui brouille la clarté d’esprit. Lors d’un laxisme primaire, l’esprit s’effondre, le support de la méditation s’évanouit et se perd. Dans le cas du laxisme subtil, le support n’est pas perdu, mais la clarté du support et de l’esprit diminue un peu parce que l’intensité de l’esprit s’est affaiblie. L’esprit est trop relâché. Il demeure en toute clarté sur le support de la méditation mais sans véritable vigilance. Cet état est souvent confondu avec une méditation appropriée.

Lorsque votre esprit est trop intense et que vous traversez une phase d’excitation, il faut le détendre, comme si vous relâchiez un peu les cordes d’une guitare. De la même manière, si vous traversé une phase de laxisme, votre esprit ne fournit pas assez d’intensité. Vous avez donc besoin de l’accroître en le tendant davantage, ce qui revient à resserrer les cordes. Comme vous le constatez, l’esprit exige d’être accordé comme un bel instrument.

Attention et introspection

La puissance qui permet de développer la méditation concentrée est la faculté d’attention, c’est-à-dire l’aptitude à demeurer devant un support sans s’autoriser la moindre distraction. On exerce son attention en ramenant l’esprit sur le support de la méditation chaque fois qu’il faiblit, ce qui risque de se produire encore et toujours. Lorsque vous avez acquis l’aptitude à maintenir votre attention sur un support, il devient nécessaire d’utiliser l’introspection. Comme le dit le Guide de la voie des Bodhisattvas, de Shantideva, la fonction dévolue à l’introspection consiste périodiquement à inspecter vos activités, qu’elles soient physiques ou mentales. Dans le processus du développement du calme intangible, la tâche de l’introspection est de déterminer si l’esprit fonctionne ou se trouve sur le point de fonctionner sous l’influence du laxisme ou de l’excitation. Au commencement, les phases de laxisme et d’excitation se multiplient mais, à force d’efforts, elles s’affaiblissent et deviennent moins fréquentes tandis que les périodes où l’esprit reste capable de se fixer sur le support se prolongent. Graduellement, même le laxisme subtil et l’excitation s’épuisent et disparaissent. À la longue, l’aptitude de l’esprit à demeurer centré sur le support, libéré des excès de l’excitation comme du laxisme, s’accroît.

Lorsque grâce à l’attention et à l’introspection vous êtes capable de maintenir une continuité d’attention sur le support, il devient possible de pratiquer la méditation concentrée dans les six mois. Initialement, il vous faut, par la force de la volonté et en y mettant une grande pression, centrer votre esprit sur le support de méditation. Puis, de temps en temps, vous vous enclenchez sur le support sans grande pression. Enfin, vous vous livrez à cet exercice d’une manière détendue et continuelle. Finalement, vous demeurez spontanément sur le support de votre méditation sans avoir besoin de faire le moindre effort pour enlever l’excitation ou le laxisme. Si vous êtes capable de visualiser continuellement et d’une manière éclatante votre support pendant quatre heures, vous aurez atteint une stabilité durable. Les états défavorables du corps et de l’esprit se sont envolés et vous avez atteint un stade béni de flexibilité physique et mentale. À ce point, vous êtes parvenu au calme intangible.

Les qualités du calme intangible

Pour être doté d’un calme intangible, l’esprit doit avoir acquis la stabilité de demeurer solidement centré sur un support, mais cette seule faculté n’est pas suffisante. L’esprit doit également resté clair, ce qui n’est pas non plus suffisant. Sa clarté se doit d’être intense, vigilante, aiguë. L’esprit ne peut se permettre d’être même un peu terne.

Ces ajustements délicats pour permettre à l’esprit d’atteindre le calme intangible ne s’accomplissent pas facilement. À Dharamsala, en Inde, un Tibétain qui pratiquait la méditation concentrée m’a dit que, pour lui, cultiver la concentration sur un point donné était pire que d’être emprisonné dans les geôles chinoises ! Parce que c’est difficile, il est essentiel de s’y préparer avec soin, en avançant pas à pas. Ne vous surmenez pas, notamment au début, sinon vous courez le risque d’être déstabilisé ou de tomber en dépression. L’objectif est une pratique quotidienne où vous choisirez un support de méditation sur lequel vous vous concentrerez en essayant de parvenir à la stabilité et de vous y maintenir comme à la clarté et à l’intensité.

Dalai Lama
COMMENT PRATIQUER LE BOUDDHISME...

Pour contrebalancer excitation et laxisme

Pour parvenir au calme intangible, stabilité et clarté sont nécessaires, avec le respect dû au support de la méditation. Ainsi, les principaux obstacles à une méditation soutenue sont l’excitation et le laxisme. L’excitation empêche la stabilité. Quand l’esprit ne demeure pas sur le support, il s’évade ou se laisse distraire. Le support de la méditation est alors perdu.

Il existe aussi une forme subtile d’excitation durant laquelle, même si le support n’est pas perdu, qui prouve que l’esprit songe à quelque chose. Il faut identifier cette excitation. Grâce à la qualité de votre attention, ne laissez pas votre esprit tomber sous cette influence.

La léthargie, pesanteur de l’esprit et du corps, représente un obstacle à la clarté mentale. Cette léthargie engendre le laxisme qui brouille la clarté d’esprit. Lors d’un laxisme primaire, l’esprit s’effondre, le support de la méditation s’évanouit et se perd. Dans le cas du laxisme subtil, le support n’est pas perdu, mais la clarté du support et de l’esprit diminue un peu parce que l’intensité de l’esprit s’est affaiblie. L’esprit est trop relâché. Il demeure en toute clarté sur le support de la méditation mais sans véritable vigilance. Cet état est souvent confondu avec une méditation appropriée.

Lorsque votre esprit est trop intense et que vous traversez une phase d’excitation, il faut le détendre, comme si vous relâchiez un peu les cordes d’une guitare. De la même manière, si vous traversé une phase de laxisme, votre esprit ne fournit pas assez d’intensité. Vous avez donc besoin de l’accroître en le tendant davantage, ce qui revient à resserrer les cordes. Comme vous le constatez, l’esprit exige d’être accordé comme un bel instrument.

Attention et introspection

La puissance qui permet de développer la méditation concentrée est la faculté d’attention, c’est-à-dire l’aptitude à demeurer devant un support sans s’autoriser la moindre distraction. On exerce son attention en ramenant l’esprit sur le support de la méditation chaque fois qu’il faiblit, ce qui risque de se produire encore et toujours. Lorsque vous avez acquis l’aptitude à maintenir votre attention sur un support, il devient nécessaire d’utiliser l’introspection. Comme le dit le Guide de la voie des Bodhisattvas, de Shantideva, la fonction dévolue à l’introspection consiste périodiquement à inspecter vos activités, qu’elles soient physiques ou mentales. Dans le processus du développement du calme intangible, la tâche de l’introspection est de déterminer si l’esprit fonctionne ou se trouve sur le point de fonctionner sous l’influence du laxisme ou de l’excitation. Au commencement, les phases de laxisme et d’excitation se multiplient mais, à force d’efforts, elles s’affaiblissent et deviennent moins fréquentes tandis que les périodes où l’esprit reste capable de se fixer sur le support se prolongent. Graduellement, même le laxisme subtil et l’excitation s’épuisent et disparaissent. À la longue, l’aptitude de l’esprit à demeurer centré sur le support, libéré des excès de l’excitation comme du laxisme, s’accroît.

Lorsque grâce à l’attention et à l’introspection vous êtes capable de maintenir une continuité d’attention sur le support, il devient possible de pratiquer la méditation concentrée dans les six mois. Initialement, il vous faut, par la force de la volonté et en y mettant une grande pression, centrer votre esprit sur le support de méditation. Puis, de temps en temps, vous vous enclenchez sur le support sans grande pression. Enfin, vous vous livrez à cet exercice d’une manière détendue et continuelle. Finalement, vous demeurez spontanément sur le support de votre méditation sans avoir besoin de faire le moindre effort pour enlever l’excitation ou le laxisme. Si vous êtes capable de visualiser continuellement et d’une manière éclatante votre support pendant quatre heures, vous aurez atteint une stabilité durable. Les états défavorables du corps et de l’esprit se sont envolés et vous avez atteint un stade béni de flexibilité physique et mentale. À ce point, vous êtes parvenu au calme intangible.

Les qualités du calme intangible

Pour être doté d’un calme intangible, l’esprit doit avoir acquis la stabilité de demeurer solidement centré sur un support, mais cette seule faculté n’est pas suffisante. L’esprit doit également resté clair, ce qui n’est pas non plus suffisant. Sa clarté se doit d’être intense, vigilante, aiguë. L’esprit ne peut se permettre d’être même un peu terne.

Ces ajustements délicats pour permettre à l’esprit d’atteindre le calme intangible ne s’accomplissent pas facilement. À Dharamsala, en Inde, un Tibétain qui pratiquait la méditation concentrée m’a dit que, pour lui, cultiver la concentration sur un point donné était pire que d’être emprisonné dans les geôles chinoises ! Parce que c’est difficile, il est essentiel de s’y préparer avec soin, en avançant pas à pas. Ne vous surmenez pas, notamment au début, sinon vous courez le risque d’être déstabilisé ou de tomber en dépression. L’objectif est une pratique quotidienne où vous choisirez un support de méditation sur lequel vous vous concentrerez en essayant de parvenir à la stabilité et de vous y maintenir comme à la clarté et à l’intensité.

Dalai Lama


Comment pratiquer le bouddhisme